Non ce n’est pas le titre d’un vieux film de Comencini, mais ces trois mots résument à eux seuls la journée passée, où devrais-je dire, la fin de journée de ce 9 juillet 2010. L’annonce du concert m’avait mis en émoi car à ce moment là, trois dates se profilaient et celle çi, ARRAS, à une heure de chez moi, laissait présager un bon moment, en tout cas, si je me référais à mes deux derniers concerts (Montreux et Grand Palais). Travail oblige, nous ne sommes partis qu’en tout début d’après-midi, sous une chaleur étouffante et un ciel plombé de gris. Première désillusion, le parking carré Or est une foutaise ! J’ai bien vu quelques panneaux l’indiquant puis…plus rien. Où c’était mal fichu où je suis passé à côté. Au passage, lors de mes vaines recherches, j’ai du « laisser passer » un véhicule de la maréchaussée qui ouvrait la route à une énorme limousine noire…la même que…j’ai pas eu l’temps de lui faire coucou…Qu’importe, on trouve à se garer, à 2 km du site quand même et on arrive tranquilles dans la queue déjà importante, sur le coup de 16 heures. Il fait chaud…très chaud…et en bon gars du Nord, la chaleur j’aime pas trop, je ne me sens bien qu’entre 20 et 24 degrés ! Là, on est à plus de 30 et le soleil fait son apparition pour élever encore la sensation de chaleur mais c’est moins étouffant. Voilà pourquoi le soleil est dans le titre de cet article !
L’attente va être longue, épuisante pour mon corps qui surchauffe trop vite et lentement un mauvais pressentiment s’insinue en moi : je ne vais pas kiffer ma race ! Déjà la photo de ce petit monstre qui illustre cet avant propos ne reflète pas le haut degré d’emmerdement maximum qu’il peut engendrer. Ces gentilles bestioles qui pullulent les jours d’orage dans certaines régions françaises se sont donné rendez vous à Arras afin de parcourir nos corps à la recherche d’on ne sait pas quoi ! Toujours est-il que ça gratouille, que ça démange, que ça se met à dévaler votre cuir chevelu tels des amazones pourchassant des mâles en rut, bref, des chieuses. D’où leur présence dans le titre de cet article. Toute l’eau a déjà été bue, le pulvérisateur d’eau a déjà bien fonctionné et nous sommes encore derrière les premières barrières. Au fil des minutes, nous commencons à progresser. Premier barrage où le contrôle est on ne peut plus léger, mettage du bracelet Carré Or (ca y est…on est des VIP…) et course modérée vers le site. Nous sommes canalisés pour arriver finalement à environ 10 mètres de la scène, sur la droite et…stationnement.
Il nous faut encore attendre ! J’ai toujours aussi chaud et ça en devient désagréable (d’où ce look à la Fonzie…), en plus j’ai le soleil pleine figure côté droit. Les filles souffrent en silence mais elles sont tellement impatientes qu’elle supportent. Ma copine découvre l’ambiance « concert » et s’étonne de certains égarements du public présent (bousculades…passages en force…discrétion peu présente…) Bref, je suis bien content de voir arriver MINT CONDITION, mais mon plaisir sera de courte durée. Le son est pourri, limite insupportable et ça ne rend pas hommage au groupe qui m’a l’air trés bien. Mention spéciale à une reprise du « Atomic Dog » de Clinton qui pète un max. A écouter dans d’autres conditions. Puis arrive le « vieux » Larry GRAHAM qui va donner une leçon de funk à l’assemblée. C’est carré, ça donne, le son est déjà meilleur et y’a pas à dire, même si on lui prête une responsabilité dans les délires religieux du Kid, à la basse, Larry reste un tueur ! Tous les classiques y passeront de « Family Affair » à « Dance to the music » !
Il est plus de 21 heures 30 quand je sens le frémissement qui parcoure le public, annonciateur de l’arrivée des musiciens et du maître de cérémonie. J’ai déjà pu écouter ce qui s’est passé à Roskilde et à Berlin et je ne suis donc pas surpris d’entendre les premières mesures de Venus de Milo couvrir la clameur qui monte de la foule. Il n’est pas encore là car le niveau de décibels reste supportable mais je sais, sans le voir, qu’il pénètre la scène car la clameur se transforme en hurlement primaire, comme dirait Bigard, et il apparaît, dans sa tenue presque virginale, Hohner dans les mains, pour démarrer l’intro de Let’s go crazy intro qu’il perdure comme s’il freinait encore l’énergie qu’il va libérer. Et CA part, la version est classique mais tellement dynamique qu’on voit tout de suite qu’il a une pêche d’enfer et que ça va être chaud (no…no…let’s go). L’ennui avec les sons qui circulent c’est qu’on est tellement gourmand qu’on sait déjà ce qui va suivre et sans surprises, il enchaîne un Delirious trés primesautier puis revient à Let’s go crazy ! Des sons se baladent dans tout ça mais je ne cherche pas à les reconnaître. 1999 nous ramène presque 30 ans en arrière et je me dis : « Et voilà…30 ans de carrière et la magie opère encore sur des titres qui ont 25 ans ou plus et qu’il a du jouer des centaines de fois, mais rien à faire, le riff est tellement prenant que tu pars au 1/4 de tour et pour le coup la version est hautement entraînante. Little Red Corvette me propulse dans le passé récent ! Montreux 2009 et ces concerts d’anthologie, c’est presque la même version et des frissons me parcourent. Les sons sortant de sa guitare accompagnent la nuit qui doucement s’installe. Mais ces frissons ne sont pas totalement dûs à mon émotion…j’ai du prendre un coup de chaud et je ne tiens plus. Décidément, je ne suis pas fait pour la chaleur et ma copine ne le supporte plus non plus. Nous devons battre en retraite vers la buvette aux sons de Take me with U ! Je vais entendre plus qu’écouter Guitar bien que je perçoive le traitement guitaristique proprement hallucinant qu’il lui fait subir (ça le fait rire le bougre…) puis des fragments de Hot Summer car il faut absolument que je me procure de l’eau et du soda sucré pour à la fois me rafraîchir et ne pas friser la syncope. Nous sommes assis dans l’herbe et assistons à l’évacuation de plusieurs personnes victimes de malaises et je peux me requinquer sur une version mortelle de Controversy assaisonné de Sexy dancer passé à la moulinette CHIC. Ce « Sexy dancer » est vraiment intemporel…comme semble l’être PRINCE d’ailleurs. Il est dans une forme exceptionnelle, danse, saute, sourit, virevolte partout. Opération ou pas, quelle énergie et quelle joie de vivre et de jouer. D’où le troisième mot du titre de cet article…c’est la Fête…comme si c’était « la Ducasse » comme on dit chez nous ! Nous sommes tous à la Ducasse de PRINCE…et c’est bon même si je ne le vis pas comme j’aurais voulu. It’s time to get funky !!! Mais je l’ai toujours été
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Shelby J nous gratifie d’une reprise de Angel toute en puissance…quel organe…et suit une version inédite, qu’il a quelque difficulté à démarrer, en duo avec Shelby, de Nothing compares to U qui nous change un peu des dernières versions entendues…celle là est un peu plus bluesy teintée de gospel je trouve ! Après avoir totalement émergé de notre coup de chaud, on se rapproche de la scène mais on est plus aussi prés et on se contente de l’écran géant. Néanmoins j’exulte intérieurement aux premières notes de Mountains… j’adore ce titre, comme tout « Parade » d’ailleurs, et quelle n’est pas ma surprise de constater que le mix avec Shake your body des Jacksons est parfait. Bon…PRINCE laisse le soin aux choristes de chanter la chanson mais bon…petit hommage à « Maïkeule » au passage…l’hommage se poursuit d’ailleurs, celui qu’il fait à l’une de ses influences majeures : Sly & The Family Stone ! Avec la présence une fois encore de Larry Graham, membre du groupe à l’époque, ça semble en même temps normal mais aussi…récurrent ! Un peu trop même, car même si le set Everyday people et I wanna take you higher est trés entraînant, plaisant, et qu’il transforme ARRAS en chaudron, personnellement ça commence à me saouler un peu. J’aurais préféré qu’il me fasse « Shhh » ou encore « A love bizarre » avec Sheila aux percus mais malheureusement Monsieur décide et nous on aura eu Larry…ce double hommage est suivi par un Alphabet Street trés enjoué, comme PRINCE, qui continue à jouer comme jamais avec le public (on en reparle ensuite …) c’est vraiment la fête !!! Serait-ce fini ??? Je commence (un peu) à en avoir l’habitude, on est toujours à deux rappels minimum mais les « encore » se situent actuellement plus vers trois, quatre, voire cinq mais là c’est miraculeux. Je me dis donc : « Ouais c’est ça…Good Night…il est 23 heures passés, c’est trop pour repartir » ! Et il revient…comme prévu…et démarre un Kiss qui met Arras en ébullition. Moi j’apprécie comme je peux mais le coeur n’y est plus depuis un moment, je me contente de ressentir les ondes positives qui s’échappent de cette foule…de cette marée de têtes levées vers la scène et éclairées à intervalles réguliers par les éclairagistes qui, par contre, ne comprennent pas trop bien les instructions de Maître…la version de Kiss est très bonne et me rappelle les versions données lors des concerts de 86 avec cet espèce de dédoublement de la guitare par les synthés et ces incursions du remix au sein du titre. Trop fort ! Il poursuit ce premier rappel avec l’incontournable Purple Rain ! Il aura ainsi joué, coup sur coup, les deux titres que toute personne associe directement à l’Artiste quand on lui en parle. Tout a été dit sur ce titre, invariablement il provoque une communion d’esprit avec le public, comme si à chaque fois on se prenait à s’imaginer être dans le public du First Avenue, à écouter pour la première fois le titre du Kid…
Je ne sais pas quelle mouche a piqué notre homme pour qu’il revienne pour le second « encore » avec Dance Disco Heat ! J’ai entendu qu’il l’avait joué au Danemark et en Allemagne et nous y avons droit également. Il s’agit d’un titre disco datant de 1978, reprise de Sylvester, artiste disco de la fin des années 70 et qui fût une figure importante du mouvement disco avec l’immortel « You make me feel » ! Va savoir pourquoi il décide de cette reprise ?!? c’est le titre idéal en tous cas pour faire remuer les « ch’ti ass » d’un soir, les faire jumper sur des parties de « Housequake » et même nous faire reprendre en choeur : « Tonight…I love everybody & everybody loves me » ! On est, au moins, contents de savoir qu’il nous aime…et là ! Enorme surprise (en tout cas pour moi) PRINCE descend de la scène, se dirige vers le public massé en première épaisseur et se met à prendre un mini bain de foule…allez juste les doigts…mais c’est proprement hallucinant venant de quelqu’un qu’on imagine hyper protégé et surtout qu’on perçoit depuis quelques années, comme un artiste qui a mis une « certaine distance » avec le public. Bref, je suis sidéré et j’espère que les filles en prennent plein les yeux et les oreilles. 10 minute de folie !!! Vont suivre un Peach pêchu comme jamais et il en profitera pour présenter ses musiciens qu’il affuble à nouveau du patronyme de NPG pour New Power Generation. Il me semble qu’il n’en avait plus parlé depuis un moment…puis surtout un des quelques titres que je voulais entendre en live Ol’Skool Company qui vient combler mes oreilles après l’avoir attendu en vain en Suisse et à Paris (non…je n’étais pas à La Cigale…) je ne boude pas mon plaisir et on rigole bien sur les déhanchements quelque peu perturbés d’une fan légèrement enbierrée…
Pour la deuxième fois consécutive nous avons droit au tonnerre annonciateur habituellement de fin de concert, mais aujourd’hui on ne peut jurer de rien et après nous être dit que
cette fois c’est fini, la rythmique si particulière du titre Forever in my life retentissent sur l’esplanade classée Patrimoine mondial de l’UNESCO mais qui ce soir est le patrimoine d’un artiste qui reste définitivement le showmen qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie ! Des partants reviennent en galopant vers la scène et nous vivons avec les filles ces derniers titres car elles aussi, pensaient que c’était fini. J’adore ce titre et là aussi, je ne boude pas le plaisir qui est le mien devant ce quasi a capella. Il en reste d’ailleurs à cette version dépouillée et il l’enchaîne avec un 7 tout aussi envoûtant avant de terminer sur quelque chose d’inédit…qui ne sortira peut être jamais sous quelque forme que ce soit ! On tient peut être là une perle à savourer de temps en temps. Obligé de baptiser ce titre Let go…let God car ce sont les uniques paroles que PRINCE nous fera répéter en une sorte d’incantation divine, genre : « Laisse béton, Laisse faire l’éternel » ! C’est pas trop mon genre mais le trip est prenant car le petit riff de guitare qui accompagne ce onzième commandement est hypnotisant et quand tout s’arrête…bein justement on a pas envie que ça s’arrête. Quatre minutes de magie !!! Mais la messe est dite…cette fois il ne reviendra plus…il est minuit et c’est l’heure où les carrosses redeviennent citrouilles et les chevaux des souris !!! c’est l’heure de quitter le lieu…tranquillement, des sons plein la tête et des images aussi. Celle qui me reste est celle d’un homme heureux, qui nous gratifié de beaucoup de marques de sympathie et d’amour mais aussi de ses mimiques et blagues qu’on ne le voyait plus trop faire. Par contre je décide que c’est la première et dernière fois que je le vois dans ces conditions. Je me contenterais de petites salles (Olympia ou Zenith) ou d’afters si j’arrive un jour à m’en faire un ! Bilan mitigé pour moi, vous l’aurez compris, mais je n’étais pas dans les meilleures conditions. Bon je me console en me disant qu’il a dit vouloir vivre en France et faire toutes les salles de Paris à la rentrée. Y’aura bien une petite date pour moi…
PS : J’ai déjà raté le New Morning où j’aurais donné cher pour y être mais c’était pas possible…trop juste…trop court…trop loin…
PS2 : Photos de PRINCE « piquées » à JC08 du forum schkopi…Merci